Skip to main content

Transformons les profits records du pétrole et du gaz en réductions des coûts pour les familles canadiennes.

23 juin 2022 Par DT Cochrane

Photo: Wassim Chouak

Filling up gas pump Wassim Chouak Unsplash

La hausse des prix de l'énergie met à rude épreuve le portefeuille des familles canadiennes. En même temps, les compagnies pétrolières et gazières (P&G) réalisent des profits records. Ce n'est pas une coïncidence. Notre douleur est leur profit.

Les pressions externes, comme la guerre russe en Ukraine, font grimper les coûts énergétiques. Cependant, les compagnies pétrolières et gazières ne se contentent pas de répercuter ces coûts. Elles profitent de la situation pour augmenter leurs propres profits.

Les dix plus grandes sociétés pétrolières et gazières du Canada ont déclaré 29 milliards de dollars de bénéfices avant impôts pour les six mois allant d'octobre 2021 à mars 2022 [1]. C'est 10,8 milliards de dollars de plus que leur prochaine meilleure période de six mois (janvier à juin 2019) au cours des années pré-pandémiques 2011 à 2019.

La plus grande prise de bénéfices au cours de la récente période de six mois a été réalisée par Canadian Natural Resources (CNR), qui a comptabilisé 7,5 milliards de dollars. Avant la pandémie, la moyenne semestrielle de CNR était de 1,4 milliard de dollars. Suncor a enregistré le deuxième bénéfice avant impôt le plus élevé, soit 5,9 milliards de dollars, ce qui représente presque trois fois sa moyenne semestrielle de 2 milliards de dollars.

Avec la hausse des coûts, les P&G récolteraient des bénéfices exceptionnels même si elles avaient maintenu leur marge bénéficiaire moyenne. Mais ils ont fait plus que les maintenir.

Avant la pandémie, les 10 premières sociétés de P&G avaient une marge bénéficiaire moyenne combinée de 11 %. Jusqu'en 2021, elles ont porté cette marge à 15 %. Au premier trimestre de 2022, leur marge bénéficiaire a atteint 21 %. Personne ne peut dire jusqu'où elle pourrait aller si cette tendance ne se confirme pas.

Certains pourraient espérer que ces bénéfices exceptionnels se traduisent par une croissance des entreprises et par la création d'emplois pour les Canadiens. Il y a peu d'indications que cela se produise.

Une partie importante de cet argent va aux actionnaires au lieu d'être investie dans l'économie canadienne pour créer des emplois ou lutter contre le changement climatique. En fait, depuis le début de la pandémie, les dix plus grandes P&G ont envoyé plus d'argent aux propriétaires qu'elles n'ont réalisé de bénéfices ! Toutes les entreprises du top 10 ont versé des dividendes, même pendant les trimestres où elles ont déclaré une perte avant impôts. Plus de 56 milliards de dollars ont été versés aux propriétaires, contre 49 milliards de dollars de bénéfices. [2]

C'est scandaleux et inacceptable. Mais il y a une solution facile, que d'autres gouvernements mettent déjà en œuvre. Le gouvernement canadien peut agir rapidement pour créer une taxe temporaire sur les bénéfices exceptionnels qui financera un rabais énergétique pour les familles. Au Royaume-Uni, le gouvernement conservateur fait déjà quelque chose de similaire.

Voici comment cela fonctionnerait. Le gouvernement prélèverait une partie des énormes profits réalisés par les sociétés pétrolières et gazières et la distribuerait aux Canadiens pour alléger le fardeau de la hausse des coûts énergétiques. La taxe peut être suffisamment élevée pour que les Canadiens reçoivent l'aide nécessaire, mais suffisamment basse pour que les entreprises restent rentables. Le Royaume-Uni a fixé la taxe à 25 %.

De plus, nous pouvons proposer un accord aux P&G qui utilisent les fonds pour réduire leur impact sur le climat. Le gouvernement peut autoriser une exemption sur les bénéfices exceptionnels qui sont investis au Canada pour réduire les émissions de carbone ou aider leur main-d'œuvre à faire la transition vers des emplois verts.

Le remboursement devrait être universel et s'adresser à tous les ménages canadiens. Ainsi, tous ceux qui ont besoin de cet allégement le recevront. Cependant, il devrait également être imposable afin que les personnes ayant un revenu suffisant, qui n'ont pas besoin de l'aide, retournent l'argent au gouvernement.

Le lobby du pétrole et du gaz au Canada est extrêmement puissant. Mais comme l'a montré le Royaume-Uni, les P&G ne sont pas invincibles. Une taxe sur les bénéfices exceptionnels est une façon de s'assurer que les sociétés pétrolières et gazières - et leurs propriétaires - ne capitalisent pas sur notre crise d'accessibilité.

Plutôt que de laisser les actionnaires s'enrichir grâce à nos ressources naturelles pendant que les compagnies pétrolières et gazières font grimper les prix, le gouvernement devrait remettre cet argent dans nos poches, et vite !

 

NOTES

1. Les dix plus grandes entreprises canadiennes de pétrole et de gaz, par capitalisation boursière, sont ARC Resources, Canadian Natural Resources, Canadian Utilities, Cenovus Energy, Enbridge, Imperial Oil, Pembina Pipeline, Suncor Energy, TC Energy, Tourmaline Oil.

2. Ce chiffre combine les dividendes, les rachats d'actions et les acquisitions, qui distribuent tous de l'argent aux propriétaires.

 

 

[Traduit de l'anglais.]

 

Photo: Wassim Chouak