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Les avoirs canadiens dans les 16 principaux paradis fiscaux dépassent maintenant les 400 milliards de dollars.

31 octobre 2022 Par Berenice de Susanne

Photo: Nave Ozzurba

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Traduit de l'anglais 

Le "déficit fiscal" des entreprises a dépassé 30 milliards de dollars en 2021. Les grandes entreprises réalisent des bénéfices plus élevés et paient moins d'impôts. En raison d'un manque de transparence, nous ne savons pas comment elles ont réduit leurs taux d'imposition. Ce que nous savons, c'est que la valeur des investissements directs étrangers (IDE) canadiens dans les principaux paradis fiscaux a augmenté de plus de 126 milliards de dollars depuis 2016.

En 2017, nous avons examiné l'utilisation des paradis fiscaux par les 60 plus grandes entreprises de la Bourse de Toronto (TSE). La plupart des plus grandes entreprises ont des filiales dans des juridictions de paradis fiscaux ; certaines entreprises en ont plus de 50 chacune. Cela permet à ces sociétés de stocker des richesses et de déplacer des bénéfices, en évitant les impôts au Canada en payant un taux beaucoup plus faible dans ces juridictions. 

Nous avons également noté que la valeur des investissements directs étrangers canadiens dans les 10 principaux paradis fiscaux a atteint plus de 284 milliards de dollars en 2016.  Les dernières données de Statistique Canada montrent que, malgré l'inquiétude générale, la tendance se poursuit. À partir de 2021, les actifs canadiens dans les 16 principaux paradis fiscaux dépassent maintenant les 400 milliards de dollars.

 

Les niveaux d'emploi offrent un aperçu de ce qui constitue un investissement dans l'activité productive et de ce qui ne l'est pas. En 2014, les filiales situées dans des paradis fiscaux employaient au maximum 50 salariés par milliard de dollars d'actifs alors que les filiales situées dans des paradis non fiscaux employaient entre 1 240 et 2 760 salariés par milliard. À partir de 2019, on constate une très légère augmentation. Cela montre un changement dans la bonne direction, mais il faut aller plus loin pour rendre compte de la déconnexion entre l'investissement et l'emploi. Les filiales dans les paradis fiscaux ont d'un employé (Chypre) à un maximum de 349 employés (Panama), par rapport aux juridictions non paradisiaques comme l'Allemagne qui employait 2578 employés par milliard de dollars d'actifs en 2019. 

La croissance continue des actifs canadiens dans les paradis fiscaux est alarmante. Toutefois, les limites des données suggèrent qu'il s'agit de sous-estimations. L'utilisation des paradis fiscaux est un problème de longue date qui est facilité par un manque de transparence. Le Canada devrait exiger la déclaration pays par pays des informations fiscales, conformément aux normes recommandées par la Global Reporting Initiative. L'Australie a introduit un plan de déclaration pays par pays dans son dernier budget.

Le Canada connaît une augmentation constante des inégalités depuis les années 1980. Le recours aux paradis fiscaux, combiné à des coupes dans l'ARC qui sapent sa capacité à réprimer l'évasion fiscale illégitime, a amplifié le problème. 

La pandémie de COVID-19 a mis en évidence plusieurs failles de notre système, et a clairement montré la nécessité pour le gouvernement d'investir massivement dans les services publics et les infrastructures. Les énormes quantités de recettes fiscales perdues du fait de l'exploitation des paradis fiscaux par les entreprises pourraient contribuer à la reprise et à la croissance économiques. Cela aurait l'avantage supplémentaire d'améliorer la répartition des richesses.

Les plus grandes entreprises bénéficient largement des investissements publics dans les infrastructures, l'éducation, les soins de santé et d'autres biens publics. Les échappatoires, notamment les traités conclus avec les paradis fiscaux, devraient être révisés afin de combler le fossé grandissant entre les riches et les pauvres. Les recettes fiscales perdues devraient être récupérées et investies au Canada pour accélérer la reprise économique et s'attaquer à des problèmes majeurs comme le changement climatique.

 

 

Photo: Nave Ozzurba