Skip to main content

Les Libéraux cèdent aux intérêts fiscaux des entreprises sur le dividende de la relance au Canada

24 août 2022 Par DT Cochrane

Photo: Towfiqu Barbhuiya

facepalm statue photo Jeremy Bezanger Unsplash

Les Libéraux affaiblissent une autre mesure fiscale promise. Une modification du dividende pour la relance au Canada (DRC) pourrait permettre à certaines des sociétés les plus importantes et les plus rentables du Canada de conserver des centaines de millions de dollars.

Nous avons identifié 11 sociétés canadiennes cotées en bourse qui pourraient être soumises au Dividende de relance au Canada sur la base de leurs bénéfices avant impôts de 2021. Le DRC était censé s'appliquer à l'exercice 2021. Cependant, il s'appliquera désormais à la moyenne de 2020 et 2021. Cela réduira l'assiette fiscale, ce qui pourrait coûter des milliards au public, tout en profitant aux dirigeants et aux actionnaires des entreprises.

Le tableau suivant montre combien d'argent ces grandes entreprises pourraient éviter de contribuer aux finances publiques grâce à l'affaiblissement par les Libéraux de leur mesure fiscale promise :

 

Profits and Potential CRD for Major Banks and Insurance Companies (Table 1)

Société

2020 Profits

2021 Profits

CRD basé sur 2021

CRD basé sur moyenne

Différence

Banque Royale

$14,389

$20,631

$2,944.65

$2,476.50

$468.15

TD

$13,047

$17,919

$2,537.85

$2,172.45

$365.40

Banque Scotia

$8,396

$12,826

$1,773.90

$1,441.65

$332.25

BMO

$6,348

$10,258

$1,388.70

$1,095.45

$293.25

CIBC

$4,890

$8,322

$1,098.30

$840.90

$257.40

Sun Life

$3,287

$5,097

$614.55

$478.80

$135.75

Power Corp.

$3,611

$5,316

$647.40

$519.52

$127.88

Banque Nationale

$2,536

$4,072

$460.80

$345.60

$115.20

Manuvie

$6,771

$8,125

$1,068.75

$967.20

$101.55

Great-West

$3,072

$3,867

$430.05

$370.43

$59.62

IA financier

$762

$1,118

$17.70

$0.00

$17.70

Total

$67,109

$97,551

$12,982.65

$10,708.50

$2,274.15

Chiffres en millions de dollars canadiens.

 

Un problème connexe : l'écart fiscal

Le fait de baser le CRD sur une moyenne des chiffres de 2020 et 2021, au lieu des seuls chiffres de 2021, n'est pas le seul problème.

Nos estimations ne sont qu'une indication du problème que pose le DRC, car nous utilisons le revenu avant impôt des banques et des compagnies d'assurance-vie cotées en bourse au Canada. Mais les sociétés sont autorisées à dire une chose à leurs actionnaires, alors qu'elles disent autre chose aux autorités fiscales en raison des différentes normes comptables et de l'arsenal d'échappatoires que les sociétés utilisent. Il en résulte un "écart fiscal" entre ce qu'une société devrait payer et ce qu'elle paie réellement.

La DRC sera basée sur le revenu imposable, tel que déclaré à l'Agence du revenu du Canada, au lieu du revenu avant impôt, généralement plus élevé, que l'on trouve dans les rapports annuels, connu sous le nom de "bénéfices comptables". Cela signifie que la DRC aggravera le problème toujours plus grave de l'évasion fiscale des entreprises.

Afin de réduire l'écart fiscal, les États-Unis ont récemment adopté un impôt minimum sur les bénéfices comptables des sociétés dans le cadre de leur loi sur la réduction de l'inflation. Le gouvernement canadien actuel n'a pas indiqué s'il allait faire de même.

 

Comment le CRD a continué à s'affaiblir

La CRD a été promise par les Libéraux lors de la dernière campagne électorale, mais avec peu de détails. La mesure a ensuite été incluse dans le budget 2022, sous une forme plus faible que celle promise. Maintenant, un projet de loi l'affaiblit encore plus. En voici les détails :

 

Où est né le dividende pour la relance au Canada

Pendant la campagne électorale, les Libéraux ont fait deux promesses pour augmenter le taux d'imposition des sociétés de financement :

a) une augmentation permanente de 3 % du taux d'imposition des sociétés pour les bénéfices des sociétés de financement supérieurs à 1 milliard de dollars ; et

b) la CRD unique.

Le Bureau parlementaire du budget (DPB) a estimé que la surtaxe de 3 % générerait des recettes de 5,3 milliards de dollars. Malgré le manque de détails sur la CRD, les Libéraux - et non le DPB - ont estimé qu'elle rapporterait 5,5 milliards de dollars jusqu'en 2026. Les recettes combinées auraient été de 10,8 milliards de dollars.

 

Affaiblissement 1 : De l'élection au budget

Dans le budget de 2022, les Libéraux ont apporté des modifications à ces deux promesses :

a) la surtaxe a été abaissée à 1,5 %, tandis qu'elle serait désormais appliquée aux bénéfices supérieurs à 100 millions de dollars ; et

b) la CRD a été modifiée pour devenir une taxe unique de 15 % sur les bénéfices de 2021 supérieurs à 1 milliard de dollars, et la portée de la taxe a été réduite des institutions financières aux banques et aux assureurs-vie.

Les recettes combinées de ces deux mesures sont désormais estimées à 4,9 milliards de dollars, soit une baisse de 55 %.

 

Affaiblissement 2 : Du budget au projet de loi

Maintenant, les Libéraux proposent qu'au lieu de s'appliquer aux bénéfices de 2021, lorsque les sociétés financières ont récolté des bénéfices records, le DRC soit basé sur la moyenne des bénéfices de 2020 et 2021. Cela réduira considérablement les revenus du DRC.

 

Pourquoi cela est-il arrivé ?

Il est courant que les gouvernements changent d'avis après avoir parlé aux lobbyistes des entreprises. Dans ce cas, les sociétés financières ont probablement exercé leur influence considérable pour affaiblir la CRD.

Nous ne pouvons pas savoir quels arguments les entreprises et les lobbyistes auraient pu avancer pour restreindre le champ d'application et réduire l'assiette de la taxe. Toutefois, un argument contre la taxe a été avancé publiquement : le fait qu'elle pourrait être répercutée sur les consommateurs.

 

Qui doit payer ? Consommateurs ou entreprises

« Cela ne fera que se répercuter sur les consommateurs » est un argument typique contre l'augmentation des impôts sur les sociétés. Pourtant, ceux qui avancent cet argument ne suggèrent jamais que les sociétés devraient réduire leurs dividendes ou cesser de racheter des actions.

En 2020 et 2021, alors que les grandes institutions financières du Canada étaient renflouées par le gouvernement, elles ont distribué des milliards de dollars de plus aux actionnaires qu'elles n'ont payé d'impôts.

Le tableau ci-dessous compare le total des dividendes et des rachats d'actions des 6 grandes banques au montant de l'impôt sur le revenu qu'ils ont payé au cours de ces deux années.

 

Dividendes et rachats par rapport aux impôts pour les 6 grandes banques (tableau 2)

Société

Distribué aux actionnaires

Impôts sur le revenu payés

TD

$33,512

$6,356

Banque Royale

$26,187

$7,078

Banque Scotia

$11,101

$4,655

BMO

$7,082

$3,704

CIBC

$5,743

$1,413

Banque Nationale

$2,982

$1,078

Total

$86,607

$24,284

Chiffres en millions de dollars canadiens.

Les 6 grandes banques ont réalisé près de 100 milliards de dollars de bénéfices totaux après impôts, il n'y a donc aucune raison de faire payer davantage leurs clients si on leur demande de payer des impôts légèrement plus élevés. Bien sûr, nous sommes d'accord pour dire que les banques pratiquent des prix abusifs, ce qui est très préoccupant. Mais la solution ne consiste pas à capituler sur la fiscalité.

 

Que devons-nous faire ?

Tout d'abord, nous devrions exiger des Libéraux qu'ils annulent le dernier affaiblissement de la CRD. Il n'y a aucune raison légitime de changer l'assiette fiscale de 2021 à une moyenne avec 2020.

Deuxièmement, nous devrions exiger un impôt minimum sur les bénéfices comptables pour aider à combler l'écart fiscal.

Troisièmement, nous devrions imposer une taxe sur les rachats d'actions, similaire à celle récemment adoptée aux États-Unis dans le cadre de la loi sur la réduction de l'inflation. 

 

 

Photo: Towfiqu Barbhuiya